mardi 14 juillet 2009

Je m'essaye à des pensées profondes. Mais trou de mémoire. Je ne me rappelle de rien. Il suffirait de suivre le fil de cette idée, remonter, au plus vite.

lundi 13 juillet 2009









La deuxième méthode, la plus utile et efficace selon Philippe. Lorsque le camarade est conscient et en possession de tous ses moyens, on va lui descendre un morceau de la corde pour qu'il tire dessus afin d'aider à sa propre remontée.
Pendant ce temps là, une marmotte rit aux éclats et provoque de nouveaux éboulis. Il doit faire plus chaud, là-haut. Nous sommes prêts voire chauds pour apprendre la suite.

Après, tout devient simple, il faut tirer régulièrement pour remonter le malheureux camarade. Aujourd'hui, on a eu de la chance il est remonté bien en forme et on s'est serré fort dans les bras.





Il faut sauver Emmanuel (guètres bleues) qui fait tranquillement sa sieste dans la crevasse, après une petite descente en rappel. Philippe nous enseigne trois techniques, la première lorsque la personne est inconsciente ou n'est pas capable de réagir. Mouflage simple avec utilisation du bloqueur en corde statique.
La météo conditionne la difficulté des manœuvres. Aujourd'hui le temps devait se dégager dans l'après-midi, il n'en fut rien. Du coup fini les suées et place à l'hyperactivité des sauveteurs du Dimanche. A cinq mètres de la crevasse, nous plantons deux broches à glace. Si la corde a mordu dans la lèvre de glace, il faut en faire descendre une autre, en appui sur un sac pour qu'elle ne s'enfonce pas dans la glace à son tour.

Comment assouplir une corde statique de 8 pour en faire un bloqueur ? Tirer dix bons centimètres de l'âme hors de sa gaine. Couper et brûler les deux extrémités. Voyez la différence ?

Criblée de pierres, dure et humide, avec l'heure qui avance, elle est moins froide et elle pleure. De petits puits insondables, au bleu surnaturel apparaissent. Nous grelotons en espérant que cette recherche de crevasse nous réchauffe. Heureusement que Philippe avait prévu de la potion magique. Soudain, elle nous apparait comme évidente, on fait un tour mais rien ne l'égale. Trois bons mètres suffiront à nous engloutir.
Pendant que nous apprenons la corde, notre savoir s'élève mais notre température baisse, et le glacier fond inexorablement. Nous approchons du dénouement de la séance. Nous cherchons une crevasse accueillante qui voudra bien nous engloutir, profonde mais pas trop.
Pour finir, c'est ainsi. Pour la rando sur glacier, Philippe nous conseille des cordes de quarante mètres en dynamique, la Beal Ice Line diamètre 8,1mm par exemple. Plus gros cela devient lourd à porter dans le sac. En la rangeant correctement, elle durera. Pour approfondir... http://www.bealplanet.com.
De l'art et la manière de ranger sa corde en faisant des écheveaux, de part et d'autre de la main. Soyons aimables avec les cordes, ne les piétinons pas avec nos crampons et ne les laissons pas trainer dans l'humidité.
Après une bonne suée, il est temps d'apprendre le maniement de la corde. Toujours progresser corde tendue, lorsque on est sur un glacier plat et large, laisser au moins dix mètres entre chaque randonneur. Plus le terrain se complexifie, plus on réduit l'espace entre les membres de la cordée. Sur glacier, il faut au moins 40m de corde (ou 2x20m pour répartir la charge).
Comme un chat aux griffes d'acier, dans l'élégance et la douceur, elle déchire la paroi. Nos articulations anormalement sollicitées commencent à développer une forme de résistance, pas encore de l'endurance mais au moins nous nous adaptons.
Le piolet rampe, ça semble évident, à condition d'assez vite glisser la main vers la pane, de ne pas tenter de pas trop longs et d'avoir confiance en soit. Encore une fois, la position du pied pointe en bas solidement ancré sera décisive pour pas décrocher.
Là, il fait vraiment pas froid, un léger fun nous souffle de vieilles histoires de valeureux montagnards. Autour de nous les premières cordées se forment et le glacier s'anime. Bientôt les vagues de glaces fourmilleront d'apprentis nageurs dans notre genre. Les premières heures nous ont laissés l'impression d'être des naufragés.
A pas comptés, pieds bien ancrés. Notre progression lente est ponctuée de conseils de Philippe. Évitons les crampons moitié plantés, les piolets mal engagés.
Spiderman est une fiotte. Il aura suffit que nous apprenions le plantage du piolet. La pente devient moins hostile. D'ici à dire que nous maîtrisons, loin s'en faut. Je suis mort au moins six fois ce matin là (certaines diront que je suis au septième ciel) ; aujourd'hui un magnifique bleu orne ma fesse gauche. Pauvre Philippe qui a du amortir mes quatre vingts kilos de viande...
Dans les pas de papa, petits sauts, 1, 2 et on recommence. Penché en arrière, chevilles et pieds pointés vers le bas, comme des danseuses dangereuses. C'est renversant.
Rien n'est naturel dans cette marche. Nous tordons nos chevilles dans des angles inhabituels, cherchons à planter tous nos crampons à chaque pas, comptons jusqu'à deux entre chaque appui... A la recherche d'équilibre et d'assurance.

Toujours emporter du fil de fer, une pince, un tournevis, des écrous et vis de rechange.
Le couteau Suisse de Philippe coupe aussi franchement le saucisson au poivre que la corde statique de 8.
Le nez dedans, comme de grandes vagues qui nous entourent. Un océan froid et dur. Chaque choc est brut. Figer la Mer, ils ont tous essayé : Hokusai, Claudel, Debussy... De l'Art et la Nature, Julien, qui est le plus fort ?
Ascension par la fesse nord pour la Marmotte et son Jules... Mouvement coulé, tout dans la souplesse. De la chaussure jusqu'aux crampons aluminium qui trouveront leur limite d'accroche dans la glace.
Tout est bon dans le crampon, il t'assure, lorsqu'il ne fait qu'un avec toi et ta chaussure. Mais parfois, il est traitre. Il se loge où tu l'attends le moins, au creux de la guêtre, au bas du pantalon. Mefiat.
Au loin, de bruit des éboulis, une ou deux fois dans la journée. La marche d'approche nous chauffe jusqu'à la sueur. Sueur froide des échelles. Ah, si le glacier était resté à sa hauteur de 1850... Les crevasses nous auraient terrifiés. A cette époque, pas d'école, peu de loisirs. La montagne se méritait bien plus, moins d'accès, plus de mérite.
Et oui camarade, c'est pour toi et pour Victoire que nous avons pris cette destination. Bien élevé, tu t'élèves. Tu as affiché ce sourire toute la journée, même quand nous avions froid. Cette Ecole des Glaces sera une excellente mise en jambe, avec des émotions, des appréhensions et le grand plaisir d'être ensemble.
Dire que les Drus se sont effondrés il y a peu, que le Glacier fond tous les jours... La montagne vit et meurt. Nous rêvons d'elle, génération après génération. C'était le rêve de maman, descendre la Vallée Blanche en ski. Pourquoi pas cet hiver, si les conditions sont clémentes. Philippe pourrait assurer les passages difficiles ? Promis, on ne sera pas insistants pour faire toute la descente coûte que coûte.
La Montagne avec un guide, c'est mieux. Surtout quand il est célèbre, on se sent tout auréolé de sa sagesse et de ses enseignements. A l'heure qu'il est, je suis toujours vivant. N'oubliez pas que de nombreux accidents en montagne proviennent d'erreurs de crampons.
D'ici, ça a l'air tout plat, nous ne soupçonnons pas les crevasses qui nous attendent, les pentes où Philippe va nous enseigner les rudiments du déplacement sur la glace.

dimanche 12 juillet 2009

Les dures banquettes de bois s'ébrouent, la crémaillère fait vibrer notre coquille et très régulièrement, nous prenons de l'altitude. Comme un aimant il nous attire, mais rien ne présage que notre ascension sera aussi régulière le jour J... Une chose est sûre, ce soir, il ne faudra pas louper le train pour redescendre les 1900 et quelques mètres de la Gare de Montenvers.
L'équipe est presque au complet, manque Victoire et Claudio, on pense bien à eux. Aujourd'hui Emmanuel a rejoint notre équipe. Nous sommes heureux de compter parmi nous ce courtois et talentueux alpiniste. Comme le dit Philippe, vu son sac, c'est un vrai, tu peux lui dire bonjour, il fait partie de la famille S.
Pas dormi de la nuit à cause de Musilac et de l'excitation, levés à 5 heures, rencontre avec notre guide Philippe Margolliet à 6h30, équipement rapide sur le parking du Montenvers, à 8h00, nous prenons le premier train.
En automne 2009, le orange sera encore une fois, très tendance. Je sais, vous en avez marre de cette couleur, mais si on y réfléchi bien, question sécurité, c'est immanquable.

dimanche 5 juillet 2009

L'extase. Y-a que la bière qui nous procure ce bonheur. Cette préparation tourne mal, moi qui avais stoppé l'alcool. Au Colombier la semaine dernière, Vic et Mary voulaient qu'on laisse une glacière dans la voiture pour une bière à l'arrivée... Peut-on parler de l'ivresse des hauteurs ?